di Ryoko Sekiguchi
traduzione free jazz di Francesco Forlani
Au mois de Juillet 1743, comme j’étois occupé de mes couleurs accidentelles, & que je cherchois à voir le soleil, dont l’oeil soûtient mieux la lumiere à son coucher qu’à toute autre heure du jour, pour reconnoître ensuite les couleurs & les changemens de couleur causés par cette impression, je remarquai que les ombres des arbres qui tomboient sur une muraille blanche étoient vertes ; cette apparence dura près de cinq minutes, après quoi la couleur s’affoiblit avec la lumiere du soleil, & ne disparut entierement qu’avec les ombres. Le lendemain au lever du soleil, j’allai regarder d’autres ombres sur une autre muraille blanche ; mais au lieu de les trouver vertes comme je m’y attendois, je les trouvai bleues, ou plûtôt de la couleur de l’indigo le plus vif : le ciel étoit serein, & il n’y avoit qu’un petit rideau de vapeurs jaunâtres au levant ; le soleil se levoit sur une colline, ensorte qu’il me paroissoit élevé au-dessus de mon horison ; les ombres bleues ne durerent que trois minutes, après quoi elles me parurent noires. Six jours se passerent ensuite sans pouvoir observer les ombres au coucher du soleil, parce qu’il étoit toûjours couvert de nuages : le septieme jour je vis le soleil à son coucher ; les ombres n’étoient plus vertes, mais d’un beau bleu d’azur. Depuis ce tems j’ai très-souvent observé les ombres, soit au lever soit au coucher du soleil, & je ne les ai vûes que bleues, quelquefois d’un bleu fort vif, d’autres fois d’un bleu pâle, d’un bleu foncé ; mais constamment bleues, & tous les jours bleues “.
(extrait de l’article « couleur », Encyclopedie de Diderot et D’Alembert)