[Articolo originariamente apparso sul sito francese www.sitaudis.fr]
di Nathalie Quintane
Une rumeur tenace, puisque rumeur, laisse entendre qu’il n’y aurait plus depuis longtemps en France de tendances poétiques nettement marquées, que toute trace théorique aurait été perdue corps et bien avec la mise en vente de pavés berlinois et non plus germanopratins, que l’idéologie rampante mais toujours renaissante aurait rendu gorge à l’entrée de Philippe Sollers comme pigiste au Monde des Livres, que poètes et lecteurs baigneraient dans une sorte de liquide post-amniotique où ni styles ni formes ne seraient clairement identifiables, où régneraient la diversité, l’inclassabilité, le multiple, le composite et le varié dans leur lutte victorieuse contre l’esprit de chapelle, l’infâme revue doctrinale, la doxa textuelle et le collectif autoritaire. Qu’enfin bref on serait peinards, et que tout le monde trouverait poème à son pied dans la supérette à taille humaine de la poésie contemporaine d’expression française. Qu’argument économique, puisque presque personne ne vend rien dans la dite poésie, ce ne serait ni logique ni gentil de se tirer la bourre pour si peu et qu’on pourrait au contraire tous se retrouver pour un jamboree convivial au sous-sol de Beaubourg ou sur le plateau de Millevaches, selon les parties organisatrices, et qu’on aurait certainement, à défaut de choses à se dire, des verres à boire.